Varia


Langues indigènes : usage et attitude dans les régions anglophone et francophone du Cameroun

Liliane Hodieb.
C’est un truisme de dire que le colonialisme a eu un impact terrible sur les langues indigènes africaines. Au Cameroun, où plus de 250 langues sont parlées, la situation est plus complexe, le pays ayant été partagé entre les puissances coloniales française et britannique. Le système de gouvernance mis en place à l’époque coloniale était différent d’une région à l’autre : les Britanniques ont opté pour un « Indirect rule » qui encourageait les populations indigènes à se gouverner elles-mêmes, tout en suivant les instructions données par les autorités britanniques, le système français plus strict, suivait une politique d’assimilation. Dans ces conditions, l’attachement tant individuel que collectif aux langues indigènes s’est considérablement réduit, surtout dans la partie francophone du pays. Après la proclamation de l’indépendance en 1960, les deux Cameroun se sont réunifiés en 1961, avec l’anglais et le français comme langues officielles. Cependant, même plus d’un demi-siècle plus tard, le spectre colonial demeure. Deux enquêtes ont été menées (2019 et 2020) auprès des jeunes camerounais anglophones et francophones, sur l’utilisation de la langue et l’attitude à l’égard de la langue. Elles révèlent une nette dichotomie qui reflète le modèle colonial. En effet, les enquêtes montrent un attachement beaucoup plus grand aux langues indigènes chez les anglophones, ce qui se traduit par un maintien […]

Jeunes et dispositifs participatifs au Maroc Usages du conseil des jeunes de la ville de Ouarzazate

Mustapha El Mnasfi.
Cet article porte sur un dispositif participatif mis en place au Maroc : les conseils des jeunes. Ceuxci ont pour objectif d’associer la jeunesse marocaine à l’élaboration des politiques publiques locales. Il vise à interroger les usages différenciés de ce dispositif par les acteurs de l’action publique locale. Comment les conseils des jeunes transforment les jeunes qui y participent, mais également comment ces derniers parviennentils à influencer l’action publique locale ? Telle est la question à laquelle nous voudrions présenter des éléments de réponse dans le cadre de cette recherche. La question du lien entre jeunes et politiques publiques est liée à l’usage des dispositifs publics par cette catégorie sociale. Dans ce sens il est important ici de chercher à comprendre comment des acteurs qui contestent ouvertement un ou plusieurs aspects de l’intervention publique finissent par devenir acteurs de cette même politique publique. L’hypothèse à démontrer dans ce cadre, à partir de l’expérience du conseil des jeunes de la ville de Ouarzazate, est que les jeunes qui contestent une stratégie d’une politique publique locale finissent par accepter cettestratégie suite à leur entrée dans l’action publique locale. Cette recherche s’appuie sur le recueil des données qualitatives issues d’entretiens semidirectifs réalisés entre mai 2017 et mai 2019 auprès des membres de la coordination nationale des conseils des jeunes, des jeunes […]

La stylisation dans les traductions du Nouveau Testament en langue vernaculaire macédonienne moderne, au XIXe siècle

Borče Arsov.
L’Évangéliaire de Konikovo (EK), l’Évangéliaire de Kulakia (EKu) et l’Évangéliaire de Boboščica (EB) sont les premières traductions sérieuses du Nouveau Testament en langue vernaculaire macédonienne du XIXe siècle. Ils sont tous écrits en alphabet grec. Cet article présente les exemples les plus spécifiques des textes montrant une tendance à la stylisation par élargissement de la base dialectale et/ou par élévation du style. De toutes les traductions des évangiles en langue vernaculaire macédonienne de Macédoine du sud du XIXe siècle ayant été analysées, on peut conclure que le texte le plus stylisé et en même temps le plus ancien est celui de l’EK (1852), et surtout sa deuxième main. Les démarches de stylisation sont moins perceptibles dans le texte de l’EKu (1860) et encore moins perceptibles dans celui de l’EB (1880). On peut dire que les traductions analysées, mais aussi les autres traductions du Nouveau Testament en langue vernaculaire macédonienne de Macédoine du sud des XVIIIe et XIXe siècles ouvrent, plus ou moins, une voie vers la formation d’une langue biblique, voie aboutissant aux traductions de la Bible en macédonien standard contemporain en 1976, 2003 et 2007.