Cet article découle d’un travail de recherche empirique centré sur les ressorts socio-spatiaux de l’écologisation des modes de vie et la diffusion-réappropriation de l’écocitoyenneté. Il s’appuie sur une dizaine d’entretiens semi-directifs et 93 entretiens par questionnaire auprès d’habitants d’écoquartiers franciliens (Clichy-Batignolles, Bel Air-Grands Pêchers et Chandon-République). L’analyse des modes de vie révèle la pluralité des rapports à l’écoquartier, lieu agréable à vivre mais également catalyseur de désagréments quotidiens freinant l’intégration des habitants à leur environnement local. Les retours d’expérience des habitants font état de la diffusion généralisée des écogestes dans l’ensemble des représentations liées à l’écologie. Cependant, ils témoignent de la richesse des relations subjectives à l’écocitoyenneté, oscillant entre la défense et l’opposition au référentiel du développement durable. Ces discours vernaculaires sont à l’origine d’une réappropriation sémantique et pragmatique de l’écocitoyenneté qui va ainsi être modelée en fonction des contraintes de vie et des valeurs personnelles, autant de variables susceptibles d’avoir une influence effective sur la conscience et la sensibilité environnementales. Les résultats de recherche font apparaître des attentes plurielles quant à la démocratisation de l’écologie, variables en fonction des (dis)positions sociales personnelles. La reconnaissance de ces déterminants, expliquant également les phénomènes d’inertie-renforcement des comportements pro-environnementaux, renouvelle la grammaire de lecture liée à l’écocitoyenneté. Cette dernière semble affiliée à une éthique proche de l’écologie sociale, porteuse de sens à l’échelle locale et levant le voile des effets aliénants du capitalisme sur l’individu, notamment à partir de sa matérialisation institutionnelle et urbaine.