Nous suivons d’un point de vue socio-anthropologique les tenants et les aboutissants d’une expérimentation en neurosciences, affichant une volonté d’augmenter l’efficacité thérapeutique d’un dispositif de réalité virtuelle (RV) dans le traitement de phobies. La participation du patient, pourtant au cœur de la promesse thérapeutique et du recours à la technologie de la réalité virtuelle, s’avère partielle et relativement impensée. Les acteurs priorisent la recherche sur la clinique et partagent la représentation classique du « bon patient » (actionnable, sans contraintes sociales, disponible), voire d’un patient héroïque, capable d’une endurance et d’une capacité d’adaptation peu ordinaires. Cette représentation va de pair avec la sous-estimation des épreuves thérapeutiques inhérentes à l’usage de la réalité virtuelle et avec la sous-évaluation des capacités d’analyse du patient durant l’expérimentation elle-même.