L’objectif de cet article est de rendre compte de la manière dont la notion de « diversité » est utilisée en France afin de traiter de la problématiquede la pluralité sociale. Il s’agit en particulier de montrer en quoi la rhétorique de « la diversité » reconfigure les tenants et les aboutissants des questions relatives aux « différences » ethno-raciales. L’analyse de discours de « responsabilité sociétale et environnementale » (RSE) d’organisations qui la mobilisent permet d’interroger « la diversité » à l’aune de ce qu’elle entend représenter. L’analyse sémio-politique proposée s’inscrit en sciences de l’information et de la communication et vise à mettre au jour certaines énonciations sociales et certaines médiations dont « la diversité » fait l’objet. Mobilisée dans les discours institutionnels via des expressions telles que « promouvoir », « respecter » ouencore « inclure la diversité », cette formule ambiguë semble prendre en charge l’idée de pluralité « des différences » et dire la qualité plurielle mais unifiée de la société. Les thématiques qu’elle inclut sont, par ailleurs, équivoques : on l’emploie dans des contextes hétérogènes pour parler d’anti-discrimination, de tolérance, de parité, d’antihomophobie, d’antisexisme, d’antiracisme, de handicap, de laïcité, etc. Néanmoins, toutes ces évocations cristallisent l’idée de variété, de pluralité, de dissemblances, de non-identité des uns et des autres. Des discours qui l’emploient émane une teneur enchantée mais aussi euphémique que l’on tentera de saisir à partir d’une approche sémiologique des formes discursives etdes formats éditoriaux qui font exister cette rhétorique de « la diversité ». Cette approche permet de resituer ce qui s’y joue, sur le plan communicationnel, en matière d’épistémologie du pluriel. En se demandant : « Quelle pluralité la notion de «diversité» ainsi mobilisée entend-elle représenter ? », on en arrive à l’envisager comme une modalité discursive dépolitisante utilisée pour évoquerpositivement des thèmes tels que « la lutte contre les discriminations », les « différences » et « l’altérité » et comme une conception multiculturaliste de la société. Globalement, cette rhétorique de « la diversité » opère une qualification de « l’être pluriel de la société française » propre à réenclencher des mécanismes sociaux de stéréotypie de l’altérité.